La Nature a gardé l’avantage sur notre bureaucratie. Et çà, c’est plutôt rassurant!
Mes craintes (voir mon billet de février dernier) se réalisent: pas besoin d’être dans les hautes sphères déconnectées pour comprendre. Décréter un vide sanitaire ‘généralisé’ à l’échelle d’une région dans l’espoir de bloquer le déploiement d’une épidémie virale d’envergure mondiale, pisser dans un violon, ou bien encore peigner la girafe, autant d’expressions pour décrire une opération dont le sens ou l efficacité est nulle.
A lire et relire le peu d’infos qui sont ‘distillées’ dans les communiqués d’un ministère de l’agriculture bien mal inspiré, je me dis que la crise n’est pas prête de connaître son dénouement. Que les pouvoirs publics naviguent à vue, en recommandant le plus grand civisme et appelant au comptage des décès de l’ avifaune (hors activité de chasse bien entendu). Ou que personne ne veut assumer l’énorme bourde du printemps. Ainsi donc, Pasteur, Jenner, Bernoulli, et avant eux les Indiens et les Chinois étaient des idiots qui n’avaient pas voulu des vertus du vide sanitaire.
L’échec des mesures prônées par nos ‘dirigeants’ est maintenant évident: la faute à cette variante du virus, H5N8, déjà connue, envoyée par ces peuples de l’Est de l Europe, qui n’aurait aucun point commun avec le H5N1 de l ‘an dernier, ou le célèbre H1N1 qui fait peur. Et dire qu’ à un jour prêt, le 3 décembre, le coq gaulois aurait pu crier victoire, les gros négociants retrouver leurs clients à l’export (CA 270 M€), soulageant ainsi le marché intérieur français saturé. Après le black friday, les 16 M€ au Loto, le jackpot de Noël était en vue. Au lieu de cela, et pour commencer, 18000 canards (tous issus de très gros élevages -nouvel axe de réflexion?), (l’équivalent de 8 années de notre production) seront sacrifiés, érigés en dernier rempart contre la maladie qui grignote la carte de France à la vitesse d’un vol de migrateurs (ils ont bon dos!). Un coup de vent contraire (corollaire au vide sanitaire) aurait pu faire l’affaire. Mais il y a des jours sans …
Aucun argumentaire technique n’est étayé, on fait de la fumée en promettant des mesures fortes: le virus va laisser la place, foi de préfet du Tarn, sans tarder qui plus est (dès que le flux migratoire cessera, en langue de bois). Les ‘représentants’ de la profession minimisent les effets économiques d’ une impossibilité d’exporter imposée par un règlement international que personne ne propose de revoir dès lors que la santé humaine n’est pas menacée (mais au fond, en est-on si sûr?). Ils ne font que reprendre le discours convenu des ‘autorités’, protégeant ainsi leurs arrières et leurs indemnités durement négociées (et reconduites?) à chaque alerte, en tentant de rassurer les ‘marchés’ et le Français moyen (qui est un marché sans le savoir)
La vaccination qui, sans permettre de retrouver une ‘virginité’ et le pouvoir d’exporter’, aurait au moins l’ immense avantage de protéger les élevages, n’est même pas évoquée: pourquoi donc les Etas-Unis (avec un vaccin français) 2eme exportateur mondial de produits avicoles – 20% de sa production (avec des traitements interdits en Europe), la Chine (exportations en très forte hausse), le Vietnam, le Maroc ont-ils vacciné leurs cheptel en 2015-2016, et pas nous Européens sapiens? Il existe bien d’autres maladies qui sont autant de risques économiques pour les élevages contre lesquelles la vaccination est systématique : Gumboro, Mareck, Aujeszky. Mais combien de nos ‘décideurs’ seraient capables de décrire ces maladies? (de démasquer l’intrus?) et surtout, de m’expliquer la différence de réaction de l OIE (pas de jeu de mot, c’est l’autre sigle de l OMS) sur un plan sanitaire et économique face à ces menaces virales.
Il manque malheureusement quelques mots au dictionnaire de nos autorités et autres journalistes, qui se gardent bien d’éclairer notre lanterne: épidémiologie, virologie, mondialité (ce n’est pas qu’un gros mot à l’usage des capitalistes), plus quelques autres, dont élevage …Et aussi quelques talents de négociateurs dans instances internationales.
A l’heure des MOOC, dernière évolution pour la vulgarisation des connaissances dispensée dans le Cloud (nuage en français), je ne peux que les inviter à redescendre sur Terre, en même temps que les derniers canards en migration. Qui eux reprendront invariablement (tant que le réchauffement climatique ne les perturbe pas trop) leur vol au printemps, puis à l’automne, puis ….
J avais raison de ne pas adhérer.
Il va falloir trouver autre chose …